Le manque d'IRM pénalise les patients français
MARTINE PEREZ.
Publié le 04 mai 2007
Actualisé le 04 mai 2007 : 07h52
À cause d'un nombre insuffisant d'autorisations, la France compte trois fois moins d'IRM par habitant que l'Allemagne.
POURQUOI la France affiche-t-elle toujours un retard net par rapport à ses voisins européens en matière d'équipement radiologique lourd, comme l'IRM (imagerie par résonance magnétique nucléaire) ? «
Fin décembre 2006, 484 appareils d'IRM étaient autorisés, mais seulement 381 étaient réellement installés », explique le professeur Philippe Grenier, secrétaire général de la Société française de radiologie, s'inquiétant de voir le fossé se creuser par rapport aux pays voisins. Les comparaisons ne sont pas à notre avantage : l'
Allemagne compterait
un appareil d'IRM
pour 47 142 habitants, l'
Espagne 1 pour 80 000, contre
1 pour 157 000 en France.
Ce faible niveau d'équipement a plusieurs conséquences directes. D'une part, le
délai moyen d'obtention d'un examen IRM qui était en France de 44 jours en 2003, est passé à 29 jours en 2005 avant de
remonter à 33 jours en 2006, sans doute en raison d'une
augmentation de la demande. Dans certaines régions, l'attente est pire : le délai moyen dépasse 62 jours en Lorraine et 54 jours en Haute-Normandie alors qu'il est inférieur à 21 en Ile-de-France.
«
Cette situation de pénurie chronique empêche l'application des recommandations internationales des prises en charge de très nombreuses pathologies, en particulier dans les domaines des maladies neurologiques, cardio-vasculaires et en cancérologie, ajoute le professeur Grenier. On n'a pas peur de stigmatiser les radiologues qui auraient une activité excessive de radiologie conventionnelle, alors que le manque d'équipement d'IRM autoritairement maintenu empêche l'application des recommandations du Guide du bon usage des examens d'imagerie rédigé avec la Haute Autorité de santé. »
L'imagerie par résonance magnétique nucléaire apporte des informations incomparables dans un nombre croissant de situations. «
Recommandé chez tout patient suspect d'accident vasculaire cérébral (AVC) conduit aux urgences, l'IRM permet de donner rapidement une certitude sur le diagnostic, de voir quelle artère est bouchée, de guider la thérapeutique, explique le professeur Catherine Oppenheim (centre hospitalier Sainte-Anne, Paris).
Or, en cas de suspicion d'accident vasculaire aigu, plus de deux patients sur trois n'ont pas eu accès à l'IRM en 2006, selon une enquête récente conduite sous l'égide de deux sociétés savantes. »
L'IRM peut aussi contribuer au diagnostic précoce, de la maladie d'Alzheimer, de patients souffrant de tumeurs cérébrales ou à haut risque de cancer du sein.
Pourquoi un tel retard ? L'équipement en IRM d'un hôpital ou d'un centre privé est soumis à une autorisation du ministère de la Santé. Ces autorisations sont distribuées au compte-gouttes. «
L'objectif, c'est de faire des économies, assure le professeur Grenier, et la pénurie vise à limiter le recours à un tel examen. » Pour la Société française de radiologie, sans remettre en cause le système de régulation actuel, il faudrait
accélérer les autorisations d'équipements et totaliser 750 appareils d'IRM d'ici 2010.
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