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Cet été je lisais un livre de Marie de Hennezel, sur l'hôpital. Très intéressant j'ai trouvé. Elle tentait de distinguer 2 types de soignants (plutôt style médecin, IDE ou AS) : les "techniciens" et les "soignants".

Elle abordait les choses de façon non-caricaturale, mais elle donnait 2 exemples :
Le soignant technicien est impeccable au niveau des protocoles. Le soignant avec un versant plus relationnel est tenté de faire quelques contournements de protocoles, mais aborde le patient autrement : ne serait-ce qu'en prenant le temps de s'asseoir au bord du lit du patient pour lui causer, au lieu de rester sur le pas de la porte debout (position symbolique de la domination). Etc etc.

Ça rappellera à certains l'humanitude, très (trop ?) à la mode, mais en fait l'auteur ne parle pas de cela : elle parle d'une posture pro plus générale, moins conceptuelle.

Et vous, comment vous positionnez-vous dans un boulot très technique bien sûr, mais où la relation avec la patient reste primordiale ? Votre profession laisse-t-elle le temps de développer ce côté "relation soignant-soigné", vivez-vous des frustrations de ce côté-là ?

Ces temps d'échange privilégiés avec le patient, de quelle nature sont-ils : explication des actes, échange plus informel ?

Vos avis m'intéressent, car je me questionne beaucoup là-dessus, avec beaucoup de mes proches qui sont soignants, et moi-même je vais essayer d'entrer en DTS l'an prochain tandis que pour l'instant je suis étudiant assistant social...

A+

Je dirais que cela dépend beaucoup du patient lui même.

Mon attitude, ma façon de parler diffère d'une personne à l'autre.
Si elle est "réceptive" (terme très généraliste) l'échange est alors possible.

Mais si elle m'est, disons antipathique alors le coté soignant sera très informel, distant (je reste poli bien entendu) cela m'arrive pas très souvent heureusement .




Mais quoiqu'il en soit j'essaye un maximum de me mettre à la place du patient (je l'ai déjà été et ça aide, même si je n'ai jamais eu d'appréhension particulière des examens et autres) de lui expliquer, de blaguer pour détendre l'atmosphère, ce genre de chose, et puis on oublie presque que l'on est au boulot.
Il arrive qu'on me vire à coup de pieds au fesses parce que je reste trop longtemps .

Après lorsque le monde commence à arriver dans la salle d'attente, j'essaye d'aller plus vite (ils veulent tous rentrer le plus vite possible) et je prends un peu plus de temps avec les hospitalisés (c'est tellement chiant une chambre, on peut rien faire, que d'avoir une discussion avec quelqu'un ça change les idées. Perso j'adore les personnes âgées on peut parler et se marrer avec eux .

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je réfléchis à ce que je pourrais écrire, mais la flemme voyez-vous empêche beaucoup de chose

w

Salut!

J'ai lu attentivement ton message flo69 et je trouve que tu as un petit côté fleur bleue... j'espère ne pas trop te décevoir en t'apportant ma vision des choses.

Alors pour être manipulateur radio c'est deux choses: le côté technique et le côté relationnel. L'un ne va pas sans l'autre, dans ton analyse des professions médicales ou paramédicales, on a l'impression que l'on est seulement soit l'un ou soit l'autre.

Les protocoles, tu les contournes pas si tu veux pas avoir d'emmerdes avec ton cadre et le chef de service. Tu fais ce qu'on te demande et ce qui est prévu.

Pour ma part quand je suis en salle de radio par exemple, j'ai un planning avec un des RDV espacés de 5 minutes entre chaque patient, et des fois j'ai deux ou trois patients à la même heure. Et entre temps je dois caser les patients hospitalisés qui viennent (notamment d'ortho, c'est à dire avec des gros bilans), en lit, qui se mobilisent pas, et qui devaient arriver y'a 2 heures comme tu l'avais prévu pour ne pas être trop surchargé ! Et à côté je dois aussi faire les panoramiques dentaires.
Alors désolé d'être un peu "cru", mais plus vite le patient est fait, plus vite il se casse en consult., moins les infirmières viennent te faire chier parce que les médecins à côté attendent les patients.
Je suis toujours très courtois, c'est quelque chose auquel je tiens beaucoup, même si le patient en face ne l'est pas du tout.
Le côté, je parle de la pluie et du beau temps avec les patients, n'a donc pas lieu d'être. Sinon j'ai pas de frustration par rapport à cela, les gens s'en foutent de toi, t'es juste la personne qui fait les images, tu leur donnes pas de diagnostic ou des solutions de traitements...

Cette femme me disait quelque chose; je viens de faire une recherche rapide sur sa biblio et en effet, elle a écrit pas mal de livres sur l'accompagnement en fin de vie. J'en avais déjà entendu parler. Je ne sais pas trop ce qu'elle développe dans ce livre, mais je vais être un peu plus modérée que Nk; oui nous devons avoir un côté relationnel important, et cela d'autant plus que si nous communiquons bien, le patient sera plus coopérant.

Pour ma prépa à l'accouchement, nous avons fait de l'haptonomie. Ce n'est pas que pour le bébé l'haptonomie, c'est une manière de rassurer, de communiquer avec l'autre physiquement. Ce n'est pas malsain, pas pervers du tout, et dans les maisons de retraite, je sais qu'il y a certains soignants qui utilisent l'haptonomie pour entrer en contact avec les petits vieux tout rabougris. J'avais d'ailleurs regardé un reportage sur ce sujet à la TV. Ils obtenaient de très bons résultats. Eh bien, j'ai fait moi aussi mes petites expériences avec les petits vieux ou les gens stressés, etc.; ils t'écoutent plus et se laissent plus faire si tu les mets en confiance, rien que lorsque tu les places sur la table, la douceur, la chaleur de ton accueil, cela joue énormément. Et pas besoin de prendre plus de temps avec ton patient, justement, ça t'en fait gagner. Pas besoin de parler et tout le tintouin. Même pour les Mamies sourdes, presque pas besoin de leur expliquer ce que tu fais, elle comprend que tu ne lui veut pas de mal, et ne se braquera pas. En somme, nous sommes tels des Bébés qui avons toujours besoin d'être rassurés, on n'a pas perdu ce besoin de sentir une présence réconfortante (maternelle pour le Bébé), et le Bébé choisira toujours des bras accueillants, eh bien c'est pareil pour tout le monde, les vieux surtout, et les plus jeunes.

Bon, bref, je ne vais pas vous embrigader dans une secte, ne soyez pas affolés, ce juste ma vision des choses. Je travaille vite et bien (enfin j'espère), c'est un peu grâce à ce mode de travail. Bien sûr, je parle toujours un peu quand je demande au patient ce qu'il a. Mais ça reste rapide et direct. Je pose les bonnes questions.

J'espère que ce que je viens de dire vous fera réfléchir sur le sens du mot "manipulateur" et je pense que cela prend tout son sens ici. Nous devrions apprendre des notions d'haptonomie à l'école.

Sur ce, bonne soirée à tous. Et bonne continuation Flo!

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Notre interprétation de ce que l'on voit dépend beaucoup de ce que l'on s'attend à trouver

Merci pour ces réflexions intéressantes.

J'aimerais rassurer "Nk" : je ne suis pas fleur bleue ... C'est entre autres à force de désillusion que je remets en question en plein milieu de ma formation actuelle, je ne suis donc pas un naïf de la première heure...

Je ne veux pas paraître prétentieux dans ce forum, n'étant ni étudiant ni pro manip'. Simplement questionner votre pratique, pour m'enrichir de votre perception des choses, puisque le DTS m'intéresse.

Je ne suis pas du genre caricatural, même si la concision de mon post m'a obligé à résumer les propos de l'auteur que je citais, juste comme ça. Au passage, le bouquin concernait plus directement les médecins et infirmiers, ce qui est une position professionnelle différente, je crois, de la votre.

En fait, mon questionnement était juste sur la manière dont vous percevez votre pratique, le cure (exercice de la thérapeutique) bien sûr, mais surtout le care ("prendre-soin" plus global). Voir comment ces 2 dimensions sont conciliables ou paradoxales. Voir vers quoi vous voudriez faire tendre votre pratique pro dans l'idéal, en confrontation avec une réalité que j'imagine contraignante.

Je lis des choses qui vraiment sont au cœur de ce "prendre-soin" : l'illustration de l'haptonomie, ou plus concrètement cette phrase :
"Si je ne suis pas pressée, j'avoue que j'aime beaucoup, quand le courant passe, prendre le temps de discuter avec la personne, de tout et de rien. Et j'ai bien souvent des conversations très intéressantes avec ces personnes. Ça permet parfois à ces personnes de les calmer, de les détourner de leur souffrance ou de leur angoisse pendant quelques instants. Quand la personne sort de la salle d'examen avec un merci sincère, un regard ou te remercie du temps accordé ou de la conversation, on se sent utile pour une fois."

Ces réponses-là me parlent, elles sont au service du soin (de la qualité et de l'efficacité) et plus globalement de l'aspect humain des choses...

Comme "Nk", je crois que les gens "s'en foutent" que ce soit X ou Y qui fasse passer l'examen d'imagerie. Par contre je crois que si nul n'est indispensable, il y a pourtant des gestes, des paroles (un sourire, une conversation même basique) qui peuvent à un moment T impacter de façon plutôt positive sur la personne. Et un examen d'imagerie, avec toute la tension qu'il peut provoquer chez un patient, se déroule dans cet instant T.
En tout cas j'ai vécu ce sentiment en tant que patient une fois, et c'est quelque chose d'unanimement reconnu non ?

Merci vraiment de votre participation, j'espère qu'il y aura encore des réponses sur ce post !